Le prurit chez les patients dialysés : un symptôme fréquent et invalidant dont la prise en charge reste limitée

Le prurit associé à la maladie rénale chronique (Pa-MRC) se manifeste chez des patients porteurs d’insuffisance rénale chronique (IRC) avancée et son diagnostic nécessite l’exclusion des autres causes de prurit systémique. C’est un symptôme subjectif appartenant au spectre du syndrome urémique.

Sa physiopathologie est complexe et repose sur quatre axes qui ont été individualisés au cours des dernières années : l’accumulation de toxines urémiques dont certaines se déposeraient dans les tissus (sous)-cutanés et activeraient alors les prurirécepteurs ; une neuropathie périphérique activant des voies prurinergiques spécifiques ; un déséquilibre de la balance des récepteurs opioïdes kappa et mu favorisant la transmission d’un signal prurigineux ; et une dérégulation du système immunitaire entraînant la production de cytokines pro-inflammatoires activatrices des prurirécepteurs.

Les patients porteurs d’IRC avancée, notamment ceux traités par hémodialyse, sont fréquemment atteints et des études observationnelles avec dépistage systématique ont permis de préciser la réelle prévalence et les facteurs de risque associés à ce trouble. En effet, le Pa-MRC est sous-déclaré par les patients qui en souffrent et sa prévalence est également sous-estimée par les néphrologues et les soignants en général.

Il s’agit pourtant d’un symptôme invalidant qui constitue une composante importante du fardeau de la maladie rénale chez les patients atteints. Le Pa-MRC a un impact négatif sur l’ensemble des domaines de la qualité de vie qui ont été explorés par des scores spécifiques. Le score WI-NRS, qui est une échelle de mesure de l’intensité du prurit allant de 0 à 10, permet de suivre l’évolution du prurit avant et après traitement, et d’adapter les mesures thérapeutiques selon la sévérité du trouble.

Antoine Lanot | CHU Caen