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Différences entre maladie de Crohn et RCH

Et dans la rectocolite hémorragique ?


La RCH est souvent envisagée comme une maladie « moins grave» que la maladie de Crohn. Néanmoins, les données publiées au cours des dernières années tendent à montrer qu’il n’en est rien. Une étude française au sein du registre Epimad a montré que les patients atteints de RCH souffraient d’un handicap fonctionnel similaire à ceux atteints d’une maladie de Crohn[12]. Le concept de destruction intestinale commence également à être appliqué à la RCH. Ainsi, une étude histologique sur 89 spécimens de colectomie a retrouvé de la fibrose sous-muqueuse et une augmentation de l’épaisseur de la muqueuse musculaire chez tous les patients étudiés mais uniquement dans les zones inflammatoires. Cette fibrose était présente de façon plus importante chez les patients opérés pour maladie réfractaire, par rapport à ceux opérés pour dysplasie[13]. En cas de RCH étendue et active sur une longue période, il existe également un risque augmenté de cancer colorectal en lien avec l’inflammation chronique non contrôlée[14]. Enfin, une autre des représentations associées à la RCH est la croyance en une chirurgie curative qui permettrait de s’affranchir de la nécessité de juguler la maladie par un traitement médical. Cette idée est battue en brèche par le taux élevé de complications post-chirurgicales, qu’elles soient précoces (infections, iléus, occlusion, dysfonction du réservoir) ou tardives (pochite, incontinence, occlusion). Une récente revue systématique regroupant plus de 20000 patients a montré qu’elles concerneraient jusqu’à 65 % des patients pour les complications du premier mois et 55 % au-delà selon les études les plus pessimistes[15]. Au total, il est estimé qu'un tiers des patients opérés sont concernés par des complications à court ou moyen terme. Ces résultats illustrent donc le fait que la RCH est une maladie aussi sévère que la maladie de Crohn, pouvant entraîner une destruction intestinale et un handicap fonctionnel sans solution chirurgicale « miracle » disponible.


Néanmoins, les données sur l’impact d’un traitement précoce sur l’évolution de la maladie dans la RCH restent limitées[14]. Il n’a notamment pas été retrouvé de lien entre la réponse au traitement et l’ancienneté de la maladie[3] ou le risque de colectomie selon le délai d’introduction d’une biothérapie[14]. Cette différence entre maladie de Crohn et RCH pourrait être liée à la colite aiguë grave, complication survenant majoritairement dans la RCH, de façon imprévisible et sans lien avec l’ancienneté de la maladie et qui expose les patients à un risque de colectomie et de décès à court terme[16].


Auteur : Mathurin Fumery (Amiens). Rédaction : Pauline Rivière (Bordeaux). Liens d’intérêts : Abbvie, Amgen, Biogen, Boehringer, Celltrion, Celgène, Ferring, Galapagos, Gilead, Janssen MSD, Pfizer, Sandoz, Takeda, Tillots. Directrice de Clientèle : Noëlle Croisat, Éditions John Libbey Eurotext, 07 63 59 03 68, noelle.croisat@jle. com. Chef de projet : Valérie Toulgoat, valerie.toulgoat@jle.com. Conception graphique : Stéphane Bouchard. Crédits photo : ©AdobeStock.com. Document réservé à l’usage exclusif du corps médical. Dépôt légal : © John Libbey 2022. La publication de ce contenu est réalisée à l’initiative des laboratoires Janssen par les éditions John Libbey Eurotext. Ce document est diffusé en tant que service d’information aux professionnels de santé par le Laboratoire Janssen.

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