Malgré l’avènement des biothérapies, l’histoire naturelle des maladies inflammatoires chroniques intestinales a peu changé.
Le risque de résection intestinale, même s’il a diminué, reste important, tout comme le risque d’hospitalisation, d’exposition aux corticoïdes ou encore de complications sténosantes ou fistulisantes dans la maladie de Crohn. Cela est probablement lié au fait que nous avons utilisé ces molécules de façon sous-optimale, c’est-à-dire trop tardivement et avec des objectifs
thérapeutiques subjectifs et peu ambitieux. En effet, l’obtention d’une rémission clinique n’est pas synonyme d’une rémission tissulaire et, chez un nombre important de patients, il persiste une inflammation chronique aboutissant à une destruction pariétale irréversible. Des stratégies thérapeutiques modernes associant traitement précoce, « treat-to-target » et contrôle
serré devraient améliorer l’efficacité des biothérapies et prévenir la destruction pariétale irréversible. Alors que la définition et l’intérêt du traitement précoce par biothérapie sont bien définies au cours de la maladie de Crohn[1,2,3], l’intérêt d’une telle stratégie au cours de la rectocolite hémorragique reste à être démontrée. Dans tous les cas, cette stratégie reposera sur la
capacité à discriminer les patients à risque de maladie sévère ou compliquée chez qui l’introduction d’un traitement le plus efficace et le plus précoce possible parait justifiée.
Mathurin Fumery I Amiens